La roue, la selle et le pédalier.



Je fuis, je grimpe, je me faufile
dans un labyrinthe d’échelles de cordes suspendues à des patères en forme de selles de vélo. Des enchevêtrements de roues qui tournent, roulent, freinent ma marche ardue, car pour avancer je dois actionner un pédalier qui me fais progresser par ses seuls engrenages, cahin-caha, sans guidon, sans chaîne…
Je m’arrête un instant pour admirer un geai en queue de pie qui cajole un paon majestueux dans sa robe emplumée aux ocelles irisés de coloris merveilleusement chatoyants.
Tous ces cercles me narguent, me provoquent. A qui la circonférence, le rayon , le diamètre, la superficie ? Tous veulent connaître un détail de leur anatomie, un chiffre qui leur donne une identité. Mes calculs deviennent lancinants. Je m’enlise dans ces trois virgule mille quatre cent… et des poussières, poussières qui se multiplient et se perdent dans l’infini. Et ces PI.D, 2PI.R, PI.R2… Pierre 2 ?
Un personnage aux allures équivoques surgit dans ce décor, Pierre II. Il porte une longue robe blanche, largement ceinturée, une calotte bien ajustée et des lunettes aveugles aux montures violacées. Son crâne se déforme à chaque mouvement, sa calotte s’adapte à ces métamorphoses.
Un cortège se rassemble devant cet étrange individu, comme une procession honorant un dieu, silencieusement.
Ils se regroupent par couleurs. Des jaunes, des roses, des verts, même des blancs à pois rouge. Tous sont munis de cerceaux, certains un seul, d’autres deux, trois, voire cinq. Ces derniers sont curieusement emmêlés, comme les anneaux chinois des magiciens. Tous défilent un à un, s’inclinent, et avalent respectueusement un petit disque, tout blanc, presque plat, que leur tend leur idole.
Le geai joyeusement perché sur ma tête, me confie : »sa tête enfle, enfle… il sait tout… attention, il va buller ! ».
En effet, dans un hoquet, la bouche arrondie émet un énorme phylactère, une bulle toute ronde et toute vide qui éclate sans bruit, comme une bulle de savon, éclaboussant à peine les derniers processionnaires déguisés en chenilles.
Et tout ce cortège, ondulant des anneaux, à la queue leu leu, grimpe, descend, patine, s’infiltre partout, brandissant des bannières affabulatrices, creusant des sillons dans des liasses de papier.
Quelques papillons les regardent avec curiosité, en les narguant ; »elles mangent n’importe quoi, venant de n’importe où et de n’importe qui, elles vont crever, elles ne pourront jamais voler ! ». Et ils se dirigent benoîtement vers l’ouest, plein ouest, luttant contre le vent…
là où les cercles de fée, les rondes des korrigans, les valses des viltansous se conjuguent harmonieusement aux jeux de marelle du soleil et de la lune, laissant des empreintes indélébiles, invisibles aux yeux de ceux qui ne veulent pas voir.
Le marchand de sable ici aussi a changé d’objectif. Les enfants continuent de rêver mais tracent des ronds dans l’eau tandis que lui n’a plus qu’un cap : l’île aux trésors.



Un Brest/Paris 2008, embourbé dans une sauce couleur chocolat, fleurant « bon » le papier monnaie, enrubanné de slogans publicitaires, ramolli par la chaleur ou la pluie si la dose d’amidon est trop faible…
Je lui préfère le Paris/Brest. Sa pâte à chou, sa crème onctueuse et ce petit croquant d’amandes grillées effilées ! Le déguster est un plaisir. Les amateurs connaissent les bonnes adresses.
Chapeau et merci à ceux qui s’engagent dans cette épreuve, si peu médiatisée, et qui ont de surcroît le courage de repartir aussitôt vers la capitale, sans même attendre le petit nuage de sucre glace qui aurait pu couronner leur exploit.


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