La poire (autoportrait)



J'en eu la forme, voire les talents
de ce fruit noble et envoûtant.
L'assise ronde, ferme sous la main
si cueillie à temps au jardin
puis s'étalant comme chair blette
quand l'épuisement de l'âge la guette.
Elle se laisse volontiers couvrir
de brûlante sauce au chocolat
ou volontiers se fait chérir
de sabayons et sorbets froids.
Epépinée, pelée, hâchée
une larme de citron la conserve
la bonifie, la met en verve
même enfouie, gelée, glacée
dans les bas-fonds d'un saladier.
Son alcool fort mais délicat
royalement clôture les repas.
On la déguste et on l'oublie
une fois mangée c'est fini.
Peut-être un jour fut-elle belle?
Reste un trognon pour la poubelle.


À la page 419 de « la cuisine du marché » de Monsieur Paul Bocuse, j'ai déniché une recette de sabayon...
Merci à lui, ce fut une découverte bien agréable.
Sucre, jaunes d'oeufs, bien fouettés, vin blanc délicatement incorporé sur un feu très doux, quasi bain-marie,
comme une crème anglaise.
Parfumer au dernier moment d'un soupçon appuyé d'alcool de poire
et servir le tout avec fines tuiles ou crêpes dentelle sur des boules de glace au blé noir...
Un régal à vous faire oublier cette triste fin de fond de poubelle!



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